Je suis une maman qui a subi un avortement tardif et ce n'est pas comme Donald Trump dit

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Au printemps 2015, mon mari et moi avons dĂ©cidĂ© d'avoir un autre bĂ©bĂ©. Nous aimions Ă©normĂ©ment la parentalitĂ© et voulions donner Ă  notre premier-nĂ© un frĂšre ou une sƓur afin qu'ils puissent grandir ensemble Ă  un Ăąge proche. En mai, nous avons dĂ©couvert que je m'attendais Ă  nouveau. Quand j’ai vu le test de grossesse positif, j’ai habillĂ© ma fillette de presque 2 ans avec un t-shirt qui disait: «Je vais ĂȘtre une grande soeur!» Et je l’ai transportĂ©e avec le test de grossesse positif en bas pour montrer mon mari. Notre enthousiasme grandissant a marquĂ© les mois qui ont suivi. Nous avons choisi des noms et des thĂšmes pour notre pĂ©piniĂšre. Notre fille l'a surnommĂ© affectueusement «bĂ©bĂ© Alex». Elle a chantĂ© sur mon ventre et a lu des livres Ă  son futur frĂšre. Nous Ă©tions prĂȘts. Mais aprĂšs un diagnostic dĂ©vastateur, j'ai eu un avortement tardif Ă  23 semaines de grossesse. Et aprĂšs avoir regardĂ© le troisiĂšme et dernier dĂ©bat prĂ©sidentiel, je ne resterai pas lĂ  pendant que le candidat rĂ©publicain Ă  la prĂ©sidence cite Ă  propos de cette expĂ©rience pour les femmes.

Le 7 aoĂ»t 2015, nous avons subi une analyse d'anatomie de routine Ă  18 semaines. Nous pensions que l'information la plus importante que nous recevions ce jour-lĂ  Ă©tait de savoir si nous ajoutions un petit frĂšre ou une petite soeur Ă  notre famille. Au lieu de cela, nous avons dĂ©couvert que notre doux bĂ©bĂ© avait un problĂšme cardiaque mettant sa vie en danger. Au cours des cinq prochaines semaines, nous avons rencontrĂ© plusieurs spĂ©cialistes et visitĂ© deux des meilleurs Ă©tablissements pĂ©diatriques du pays. À chaque Ă©chographie, nous apprenions que l'Ă©tat de notre bĂ©bĂ© s'Ă©tait aggravĂ©: elle avait une cardiomyopathie dilatĂ©e avancĂ©e, une maladie qui se manifeste aux derniers stades de l'insuffisance cardiaque. Selon l'American Heart Association, une cardiomyopathie dilatĂ©e avancĂ©e affecte les ventricules et les oreillettes du cƓur, ainsi que les cavitĂ©s infĂ©rieures et supĂ©rieures. Parce que le muscle cardiaque ne se contracte pas normalement et n'arrive pas Ă  pomper le sang, le cƓur s'affaiblit et provoque une insuffisance cardiaque.

À chaque rendez-vous, nous avons appris qu'il n'y avait pas de mĂ©dicament pour arrĂȘter ou soulager ses symptĂŽmes. Il n'y a pas eu d'intervention chirurgicale pour le rĂ©parer. Notre bĂ©bĂ© avait Ă©galement dĂ©veloppĂ© Hydrops fetalis, un trouble, selon l’HĂŽpital pour enfants du Wisconsin, oĂč le liquide s’accumule dans au moins deux espaces diffĂ©rents d’organes fƓtaux. Selon un rapport publiĂ© dans Images in Pediatric Cardiology, le taux de mortalitĂ© par cardiomyopathie dilatĂ©e est le plus Ă©levĂ© au cours de la premiĂšre annĂ©e suivant le diagnostic, Ă  79%. Une fois que nous avons compris Ă  quel point son Ă©tat Ă©tait grave, j'ai priĂ© sans cesse pour que son petit cƓur cesse de battre tout seul. Je demanderais Ă  Dieu de la laisser mourir sans que je sois obligĂ© de prendre cette dĂ©cision dĂ©chirante.

Mais à la fin, je devais décider.

MalgrĂ© toutes les occasions d'aider notre fille Ă  survivre, cela n'a pas Ă©tĂ© possible. Si notre bĂ©bĂ© a rĂ©ussi Ă  accoucher, nos mĂ©decins nous ont dit que son pronostic Ă©tait morbide. Elle avait du mal Ă  respirer et Ă  manger, deux des tĂąches les plus Ă©lĂ©mentaires de la vie. Elle avait Ă  plusieurs reprises des crises cardiaques, des accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux, des convulsions et la suffocation jusqu'Ă  ce que l'une d'elles soit suffisamment puissante pour la tuer. Nous n'avions d'autre choix que de prendre la dĂ©cision la plus difficile Ă  laquelle une personne soit jamais confrontĂ©e en tant que parent: nous avons dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă  la grossesse. Dans mon cƓur, je ne voulais rien de plus que ramener mon bĂ©bĂ© Ă  la maison et le regarder grandir. Mais je savais que cela ne serait pas une rĂ©alitĂ© pour nous. Nous ne pouvions pas la faire souffrir physiquement pour avoir quelques moments volĂ©s avec elle. Nous ne pouvions pas taquiner notre fille de 2 ans avec le rĂŽle de grande soeur, d'autant plus que c'Ă©tait un rĂŽle qu'elle n'aurait pas longtemps. Nous ne pouvions pas avoir un faux sourire alors que les gens continuaient Ă  faire des remarques sur mon ventre en croissance. Nous ne pouvions pas nous cacher de la vĂ©ritĂ©. Notre bĂ©bĂ© Ă©tait malade.

La forcer Ă  vivre dans la vie la blesserait d'une maniĂšre que nous ne saurions ni ne comprendrions jamais. Nous avons donc pris la dĂ©cision la plus humaine et la plus misĂ©ricordieuse possible pour notre fille. À 23 semaines, nous avons dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă  ma grossesse. Mon mari et moi ne voulions pas qu'elle naisse dans une vie oĂč elle serait aux prises avec une douleur incommensurable du premier au dernier souffle.

Depuis mon D & E, il y a eu des nuits oĂč je tenais ses empreintes sur ma joue, soulagĂ©e par le fait que ses petits pieds touchaient ce bout de papier. Je serre sa minuscule boĂźte de cendres contre mon corps et sanglote, parce que c'est la seule façon pour moi de tenir mon bĂ©bĂ©. Je ne suis pas une personne froide, insensible, Ă©goĂŻste qui a cherchĂ© Ă  nuire Ă  son bĂ©bĂ©. Terminer ma grossesse Ă©tait le seul moyen de la protĂ©ger.

Bien que tous les mĂ©decins aient mentionnĂ© que la rĂ©siliation Ă©tait une option dans notre situation grave, aucun des mĂ©decins que nous avons vus ne pouvait nous apporter d’aide. Parce que mon mari est dans l'armĂ©e, notre assurance est financĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral. L’amendement Hyde, adoptĂ© en 1976, interdit l’utilisation de fonds fĂ©dĂ©raux pour l’avortement ainsi que l’utilisation de fonds privĂ©s pour financer des avortements dans des centres de traitement militaire. Cela signifiait que notre assurance ne paierait rien pour l'interruption de grossesse en raison d'une anomalie fƓtale et que nos mĂ©decins ne procĂ©deraient pas Ă  la procĂ©dure. Mais ce qui a le plus blessĂ©, c’est le fait qu’ils ne voulaient mĂȘme pas nous diriger vers un endroit sĂ»r et lĂ©gal. AprĂšs avoir reçu les informations les plus bouleversantes, je me suis senti jugĂ© et abandonnĂ© par mes prestataires de soins de santĂ©. Mettre fin Ă  ma grossesse faisait Ă©galement partie de mes soins prĂ©natals et il Ă©tait incroyablement frustrant de ne plus recevoir aucun soutien mĂ©dical. J'ai Ă©tĂ© stupĂ©fait de constater Ă  quel point l'avortement Ă©tait inaccessible dans mon cas. MĂȘme si j'avais le droit de choisir, je ne pouvais pas accĂ©der aux soins mĂ©dicaux dont j'avais besoin.

Mon mari et moi avons fini par parcourir plus de 250 km vers une clinique permettant une dilatation et une Ă©vacuation (D & E). Nous n'avions pas les moyens de payer la facture d'hĂŽpital Ă  la charge de 20 000 $ pour le travail et l'accouchement, alors c'Ă©tait notre seule option.

À la suite de la procĂ©dure, je n’ai jamais pu tenir ou voir mon bĂ©bĂ©, ni lui donner des bisous. Parce que nous ne pouvions pas payer le travail et la livraison, cette option m'a Ă©tĂ© retirĂ©e. Et malgrĂ© ce que des dĂ©fenseurs anti-choix comme Trump voudraient vous faire penser, je suis une mĂšre en deuil. J'ai pleurĂ© de maniĂšre incontrĂŽlable alors que je rangeais les prĂ©cieux objets que j'avais achetĂ©s en prĂ©vision de notre nouveau bĂ©bĂ©. Depuis mon D & E, il y a eu des nuits oĂč je tenais ses empreintes sur ma joue, soulagĂ©e par le fait que ses petits pieds touchaient ce bout de papier. Je serre sa minuscule boĂźte de cendres contre mon corps et sanglote, parce que c'est la seule façon pour moi de tenir mon bĂ©bĂ©. Je ne suis pas une personne froide, insensible, Ă©goĂŻste qui a cherchĂ© Ă  nuire Ă  son bĂ©bĂ©. Terminer ma grossesse Ă©tait le seul moyen de la protĂ©ger.

Selon l'Institut Guttmacher, environ 1% seulement des avortements ont lieu aprĂšs 20 semaines de grossesse, et presque tous sont dus Ă  des conditions de vie en danger, chez le bĂ©bĂ© ou la mĂšre. Des politiciens anti-choix ont rĂ©pandu la rhĂ©torique alarmiste pour dĂ©nigrer des femmes comme moi pour les dĂ©cisions dĂ©chirantes que nous devions prendre pour notre futur enfant et pour nous-mĂȘmes. Ils nous peignent comme des monstres. Mais j'en ai marre de voir les politiciens pleurer en Ă©coutant mon tĂ©moignage, puis voter en faveur d'une loi anti-choix 15 minutes plus tard. Je suis fatiguĂ© d'ĂȘtre qualifiĂ© de «meurtrier Ă©goĂŻste» par des inconnus sur Facebook qui ne me connaissent pas, ni ma famille ni mon histoire. J'en ai assez d'entendre le mensonge mal informĂ© sur l'avortement tardif. J'en ai assez d'entendre les politiciens anti-choix utiliser ma dĂ©cision comme un moyen de rĂ©aliser leurs propres gains politiques.

Trump, autant que je sache, n'a jamais eu Ă  subir un avortement tardif. Mais j'ai. J'ai sanglotĂ© avec mon mari pendant que mes mĂ©decins administraient un coup de digoxine, ce qui allait lentement et pacifiquement arrĂȘter le cƓur de ma fille au cours des prochaines heures. Je me suis assis en frottant mon ventre et j'ai chantĂ© pour elle alors que je sentais ses battements devenir plus faibles, moins nombreux et plus Ă©loignĂ©s les uns des autres. Sur l'Ă©chographe, le sonographe a vĂ©rifiĂ© ce que j'avais toujours su, Ă  savoir que ma fille Ă©tait partie avant le dĂ©but de mes activitĂ©s de D & E.

Trump a utilisĂ© des mots banaux pour "expliquer" comment les bĂ©bĂ©s sont "arrachĂ©s de l'utĂ©rus" aussi tard que neuf mois de grossesse dans le troisiĂšme et dernier dĂ©bat prĂ©sidentiel. Trump, autant que je sache, n'a jamais eu Ă  subir un avortement tardif. Mais j'ai. J'ai sanglotĂ© avec mon mari pendant que les mĂ©decins administraient une injection de digoxine, qui allait lentement et pacifiquement arrĂȘter le cƓur de ma fille au cours des prochaines heures. Je me suis assis en frottant mon ventre et j'ai chantĂ© pour elle alors que je sentais ses battements devenir plus faibles, moins nombreux et plus Ă©loignĂ©s les uns des autres. Sur l'Ă©chographe, le sonographe a vĂ©rifiĂ© ce que j'avais toujours su, Ă  savoir que ma fille Ă©tait partie avant le dĂ©but de mes activitĂ©s de D & E. La fin de la vie de ma fille Ă©tait paisible. Elle n'a pas Ă©tĂ© "arrachĂ©e" de mon corps "juste avant" sa naissance. Elle Ă©tait entourĂ©e de ses parents. EntourĂ© d'amour.

La mienne Ă©tait une grossesse dĂ©sirĂ©e. Le mien Ă©tait un bĂ©bĂ© dont j'avais dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© l'avenir. Qui avait une chambre et Ă  la maison; deux parents pour l'aimer et une grande soeur pour se consacrer Ă  elle. Qui avait des rĂȘves et des espoirs pour elle et un amour sans fin, sans bornes, sans relĂąche. Mais comme elle faisait face Ă  une qualitĂ© de vie qui l'empĂȘcherait de vivre, nous avons pris la difficile dĂ©cision de la laisser partir aussi paisiblement que possible, plutĂŽt que de la regarder souffrir d'une douleur incommensurable avant de mourir.

Trump veut dĂ©peindre comme des monstres les femmes qui ont eu recours aux avortements tardifs. Il donne l'impression que l'avortement tardif est une dĂ©cision dĂ©sinvolte et Ă©goĂŻste, comme si je me suis rĂ©veillĂ© un matin et que je viens de dĂ©cider que ce bĂ©bĂ© n'Ă©tait plus pour moi. La vĂ©ritĂ© est que les femmes et les familles qui sollicitent ces soins vivent souvent dans des circonstances extrĂȘmement difficiles. Et la mienne Ă©tait une grossesse dĂ©sirĂ©e. Le mien Ă©tait un bĂ©bĂ© dont j'avais dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© l'avenir. Qui avait une chambre et Ă  la maison; deux parents pour l'aimer et une grande soeur pour se consacrer Ă  elle. Qui avait des rĂȘves et des espoirs pour elle et un amour sans fin, sans bornes, sans relĂąche. Mais comme elle faisait face Ă  une qualitĂ© de vie qui l'empĂȘcherait de vivre, nous avons pris la difficile dĂ©cision de la laisser partir aussi paisiblement que possible, plutĂŽt que de la regarder souffrir d'une douleur incommensurable avant de mourir.

Depuis mon avortement, j'ai dĂ» gĂ©rer l'immense chagrin et la douleur de perdre ma fille, mais j'ai Ă©galement dĂ» Ă©couter des opinions mal informĂ©es et extrĂȘmement ignorantes sur l'avortement lui-mĂȘme. Et pour ĂȘtre honnĂȘte, je n'ai plus le luxe de garder pour moi la dĂ©cision la plus intime de ma vie. Je dois partager mon histoire. Pour le progrĂšs des droits en matiĂšre de reproduction, les femmes mĂ©ritent. Pour que des hommes comme Trump n'aient pas le droit de dĂ©cider ce que les femmes font de leur corps. Pour les droits des autres familles qui feront face un jour Ă  la mĂȘme tragĂ©die que nous. Pour les femmes qui se sentent seules dans leur chagrin. Pour les mĂšres qui, comme moi, n'ont pas d'autre choix. Pour ma fille vivante, qui a besoin de savoir qu'il ne suffit pas de croire en quelque chose; vous devez Ă©galement le dĂ©fendre. Pour le souvenir de la fille, j'ai laissĂ© partir.

Je suis convaincu que le choix que j'ai fait pour moi-mĂȘme, ma famille et surtout ma douce fille Elliana Ă©tait le bon choix pour nous. Elle a vĂ©cu et est morte seulement en connaissant une existence remplie de paix dans mon corps. Elle n'a jamais connu que l'amour.

Si vous me l'aviez demandĂ© au dĂ©but de ma vie, je vous aurais dit que je n'avais jamais pensĂ© que l'avortement ferait partie de mon rĂ©cit personnel. Mais ça a. Et je comprends ce que c'est que de faire face Ă  une grossesse en crise, de choisir entre deux options Ă©pouvantables, de prendre la dĂ©cision la plus dĂ©chirante, la plus importante, la plus dĂ©vastatrice et la plus nĂ©cessaire pour votre enfant. Et je suis convaincu que le choix que j'ai fait pour moi-mĂȘme, ma famille et surtout ma douce fille Elliana Ă©tait le bon choix pour nous. Elle a vĂ©cu et est morte seulement en connaissant une existence remplie de paix dans mon corps. Elle n'a jamais connu que l'amour. Mon mari et moi-mĂȘme avons volontairement endurĂ© toute une vie de douleur sans elle afin de ne jamais en ressentir une seconde. Afin de soigner son cƓur, nous avons dĂ» rompre irrĂ©vocablement le nĂŽtre. Et ce n'est pas une dĂ©cision que vous prenez Ă  la lĂ©gĂšre.

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