Comment la naissance de mon fils m'a aidé à guérir aprÚs mes erreurs

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Quand j'ai regardé le test de grossesse positif qui allait éventuellement mener à mon troisiÚme fils, je ne savais pas s'il fallait rire ou pleurer. Ma poitrine se serra et je souhaitais pouvoir ne pas le voir. Ne pas savoir aurait été mieux, pensai-je. Je pose le test sur le comptoir de la salle de bain. La deuxiÚme ligne était déconcertante. J'ai étreint mon mari, j'ai forcé un sourire et murmuré quelque chose du genre: «On verra. Je ne veux pas que mes espoirs se réalisent. »Je pense avoir pleuré. J'ai probablement pleuré.

Etre enceinte Ă  la suite de deux fausses couches Ă©tait une expĂ©rience dĂ©routante et souvent douloureuse. Alors que je voulais ĂȘtre heureux, alors que j'Ă©tais reconnaissant, j'Ă©tais submergĂ© par une anxiĂ©tĂ© que je ne pouvais pas Ă©branler. Il y avait aussi une partie de moi qui se sentait coupable de passer Ă  autre chose. DĂšs qu'il est devenu Ă©vident que ma grossesse Ă©tait viable, tout le monde Ă©tait prĂȘt Ă  faire la fĂȘte alors que j'essayais encore de guĂ©rir des deux prĂ©cĂ©dentes pertes. Je n'Ă©tais pas prĂȘt, cependant. Je n'Ă©tais pas prĂȘt Ă  cĂ©lĂ©brer. Je n'Ă©tais mĂȘme pas sĂ»re d'ĂȘtre prĂȘte Ă  nouveau Ă  ĂȘtre enceinte, peu importe Ă  quel point j'avais envie de ce bĂ©bĂ©. Mes fausses couches assombrissaient constamment la joie que je ressentais, car je n'avais toujours pas pleinement traitĂ© le chagrin de ces futurs perdus.

Beaucoup de gens m'ont dit que c'Ă©tait ce qui Ă©tait «toujours censĂ© ĂȘtre», que mon bĂ©bĂ© Ă©tait «enfin» prĂȘt. Une amie m'a dit qu'elle avait Ă©tĂ© consolĂ©e aprĂšs une fausse couche en pensant que les Ăąmes qui sont censĂ©es ĂȘtre les nĂŽtres nous retrouveraient Ă  leur Ă©poque. Je peux voir que l’on pouvait trouver rĂ©confort dans l’idĂ©e qu’il n’y avait rien perdu, qu’il n’y avait qu’une seule Ăąme qui tentait de percer dans le monde et que c’était lĂ . Mais cette conviction n'a jamais rĂ©sonnĂ© avec moi.

Quelque chose, quelqu'un, a Ă©tĂ© perdu quand j'ai fait une fausse couche. Cette personne, qui aurait pu ĂȘtre son futur, est dĂ©cĂ©dĂ©e, et la prise de conscience que j'Ă©tais Ă  nouveau enceinte n'a rien changĂ© Ă  ces faits. Ces deux bĂ©bĂ©s Ă©taient partis de nous et de moi pour toujours, effacĂ©s de tous les souvenirs sauf le mien, et cela me brisait le cƓur.

C'est Ă  peu prĂšs Ă  l'Ă©poque oĂč j'aurais dĂ» arriver Ă  Ă©chĂ©ance que je suis tombĂ©e sur un article sur la migration des cellules fƓtales, le phĂ©nomĂšne de l'ADN et des cellules fƓtales franchissant la barriĂšre placentaire du fƓtus Ă  la mĂšre et inversement, quelques semaines seulement aprĂšs la conception. Ces cellules fƓtales persistent pendant des dĂ©cennies et peuvent mĂȘme aider la mĂšre Ă  lutter contre la maladie tout au long de sa vie. Les cellules qui traversent la barriĂšre subsistent dans le sang et les tissus maternels, la moelle osseuse, la peau et mĂȘme le cerveau - souvent jusqu'Ă  la fin de la vie de la mĂšre.

La science Ă©tait poĂ©tique et thĂ©rapeutique. Nos bĂ©bĂ©s deviennent une partie de nous, mĂȘme ceux que nous ne rencontrons jamais.

J'ai trouvĂ© un rĂ©confort Ă©norme en sachant qu'un morceau de moi avait Ă©tĂ© pris avec ces bĂ©bĂ©s et qu'une partie d'entre eux vivrait en moi pour le reste de mes jours. MĂ©taphores et euphĂ©mismes mis Ă  part, il y avait quelque chose de physique, de quantifiable, qu'il me restait Ă  garder dans mon cƓur, dans mon sang, dans mon cerveau. C'Ă©tait un lien profond que le temps ne me retirerait jamais.

Cependant, le fait que l’ADN et les cellules de grossesses prĂ©cĂ©dentes puissent ĂȘtre reportĂ©s sur des grossesses ultĂ©rieures Ă©tait encore plus bĂ©nĂ©fique. Cela signifiait que mon troisiĂšme fils porterait non seulement l'ADN et les cellules de moi-mĂȘme, de son pĂšre, de son frĂšre aĂźnĂ© et de sa sƓur aĂźnĂ©e, mais aussi probablement des bĂ©bĂ©s que j'ai faussement mis en Ă©chec. Il serait nĂ© un beau patchwork de notre famille, nous transportant tous dans son corps minuscule et parfait. Il me donnerait la chance de regarder les bĂ©bĂ©s que je n'ai jamais eu la chance de tenir dans mes bras.

Mon cƓur ne s'Ă©tait jamais senti aussi guĂ©ri que le jour oĂč mon troisiĂšme fils a Ă©tĂ© placĂ© dans mes bras. Je l'ai regardĂ© et me suis senti entier Ă  nouveau. Il Ă©tait le pont sur cet intervalle oĂč deux bĂ©bĂ©s ne sont pas nĂ©s. Il les a portĂ©s dans le monde. Il nous a tous portĂ©s.

Souvent, quand je le regarde, je me souviens des bĂ©bĂ©s qui auraient pu ĂȘtre et je ne me sens plus si triste. Je pleure quotidiennement mes pertes, mais Ă  bien des Ă©gards, je me sens comme si elles Ă©taient toujours avec moi. J'ai l'impression qu'il a rempli toutes les piĂšces manquantes du casse-tĂȘte laissĂ© inachevĂ© tout au long de ma grossesse. J'imagine ces cellules qui bougent et vivent en nous deux; toujours en vie, toujours rĂ©el, toujours lĂ . Il y a de grandes bandes de moi dans chacun de mes enfants et eux dans moi, mais c'est mon fils qui nous unit tous, couvrant toutes mes plaies.

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